[L'invisible-2] Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran by Schmitt Eric-Emmanuel

[L'invisible-2] Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran by Schmitt Eric-Emmanuel

Auteur:Schmitt,Eric-Emmanuel
La langue: fra
Format: mobi
Tags: Roman
ISBN: 9782253166634
Éditeur: AlexandriZ
Publié: 2001-01-23T23:00:00+00:00


Il a fallu se battre. Le monde officiel, celui des tampons, des autorisations, des fonctionnaires agressifs lorsqu’on les réveille, personne ne voulait de nous. Mais rien ne décourageait monsieur Ibrahim.

— Le non, on l’a déjà dans notre poche, Momo. Le oui, il nous reste à l’obtenir.

Ma mère, avec l’aide de l’assistante sociale, avait fini par accepter la démarche de monsieur Ibrahim.

— Et votre femme à vous, monsieur Ibrahim, elle veut bien ?

— Ma femme, elle est retournée au pays il y a bien longtemps. Je fais ce que je veux. Mais si tu as envie, nous irons la voir, cet été.

Le jour où on l’a eu, le papier, le fameux papier qui déclarait que j’étais désormais le fils de celui que j’avais choisi, monsieur Ibrahim décida que nous devions acheter une voiture pour fêter ça.

— On fera des voyages, Momo. Et cet été, on ira ensemble dans le Croissant d’Or, je te montrerai la mer, la mer unique, la mer d’où je viens.

— On pourrait pas y aller en tapis volant, plutôt ?

— Prends un catalogue et choisis une voiture.

— Bien, papa.

C’est dingue comme, avec les mêmes mots, on peut avoir des sentiments différents. Quand je disais « papa » à monsieur Ibrahim, j’avais le cœur qui riait, je me regonflais, l’avenir scintillait.

Nous sommes allés chez le garagiste.

— Je veux acheter ce modèle. C’est mon fils qui l’a choisi.

Quant à monsieur Ibrahim, il était pire que moi, question vocabulaire. Il mettait « mon fils » dans toutes les phrases, comme s’il venait d’inventer la paternité.

Le vendeur commença à nous vanter les caractéristiques de l’engin.

— Pas la peine de me faire l’article, je vous dis que je veux l’acheter.

— Avez-vous le permis, monsieur ?

— Bien sûr.

Et là monsieur Ibrahim sortit de son portefeuille en maroquin un document qui devait dater, au minimum, de l’époque égyptienne. Le vendeur examina le papyrus avec effroi, d’abord parce que la plupart des lettres étaient effacées, ensuite parce qu’il était dans une langue qu’il ne connaissait pas.

— C’est un permis de conduire, ça ?

— Ça se voit, non ?

— Bien. Alors nous vous proposons de payer en plusieurs mensualités. Par exemple, sur une durée de trois ans, vous devriez…

— Quand je vous dis que je veux acheter une voiture, c’est que je peux. Je paie comptant.

Il était très vexé, monsieur Ibrahim. Décidément, ce vendeur commettait gaffe sur gaffe.

— Alors faites-nous un chèque de…

— Ah mais ça suffit ! Je vous dis que je paie comptant. Avec de l’argent. Du vrai argent.

Et il posa des liasses de billets sur la table, de belles liasses de vieux billets rangées dans des sacs plastique.

Le vendeur, il suffoquait.

— Mais… mais… personne ne paie en liquide… ce… ce n’est pas possible…

— Eh bien quoi, ce n’est pas de l’argent, ça ? Moi je les ai bien acceptés dans ma caisse, alors pourquoi pas vous ? Momo, est-ce que nous sommes entrés dans une maison sérieuse ?

— Bien. Faisons comme cela. Nous vous la mettrons à disposition dans quinze jours.

— Quinze jours



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.